Bien qu’âgé de seulement 27 ans, Jérémy Gasneray a déjà reçu de nombreux enseignements bouddhistes. Des connaissances qui lui sont très utiles dans son travail : maître de cérémonie dans une entreprise de pompes funèbres située près du Mans et pompier volontaire à Téloché.
En quoi ta pratique bouddhiste t’aide à être plus proche des familles dans le deuil lorsque tu es maître de cérémonie ?
J’essaie tous les jours de me dire que ça peut être moi de l’autre côté du pupitre. Cela a d’ailleurs été le cas récemment à la mort de mon grand-père et de mon père. Et un jour, c’est sûr, je serai dans le cercueil. La pratique bouddhiste nous aide à dresser le décor de notre vie en prennant conscience de ses vraies souffrances, mais aussi d’un véritable espoir pour tout le monde.
Il y a dans les enseignements bouddhistes des outils pour faire face aux difficultés. Alors en pratiquant simplement à mon rythme, avec douceur et surtout en me sentant guidé, j’essaie de lâcher prise avec mes attentes, en acceptant du mieux que je le peux la souffrance de la séparation avec les choses ou les personnes que l’on aime ; cela m’aide à avoir de la considération pour les familles et à être le plus disponible possible pour elles. La formation des aumôniers Kadampa m’a été très utile pour comprendre comment générer ces états d’esprits positifs et sereins qui protègent.
Ce qui fait aussi la richesse de ce métier, ce sont toutes les différences : les classes sociales, le lieu, le degré de tristesse, les circonstances du décès, l’âge du défunt, son parcours de vie… Nous devons donc apprendre à nous ouvrir et à nous adapter sans arrêt pour ensuite ajuster les moyens et le discours de l’hommage.
Et si grâce à ces efforts les familles se sentent accompagnées, acceptées et respectées dans leur douleur, c’est gagné.
Comment tes croyances n’interfèrent pas dans ton environnement professionnel principalement catholique?
Je suis très content de travailler dans des lieux qui sont les oeuvres de la foi des hommes. J’y vois des prières, des rituels, de la spiritualité, de l’amour… Donc pas de soucis, au contraire, j’invite les gens à faire vivre leur foi et leurs prières au cours des recueillements.
Malheureusement, nous voyons aussi beaucoup de cérémonies d’obsèques à l’église qui n’existent que par simple tradition, non par conviction. Les familles n’ont en fait pas grand chose auquel se raccrocher. D’ailleurs peut-être que les CMKs auront un rôle à jouer à l’avenir et deviendront pourquoi pas les églises de demain !
Comment envisages-tu l’avenir ?
Au niveau professionnel, pour l’instant j’ai envie de continuer à m’améliorer pour apporter de l’énergie aux gens dans ces situations de deuil. Avec les pompiers, j’aimerais travailler sur la sensibilité, l’écoute et la pédagogie.
J’ai aussi envie que tous les Sarthois sachent qu’il existe un lieu près de chez eux qui leur est dédié, un lieu de paix et de respect où ils peuvent venir se ressourcer, flâner, discuter… Il me semble très important que chacun puisse trouver au CMK quelque chose qui lui convienne.
J’imagine aussi dans un avenir peut-être un peu plus lointain, des formations pour des professionnels avec des thèmes sur le stress, l’entente entre collègues, l’effort joyeux… Ces formations pourraient avoir un impact considérable sur le bien-être au travail et sur le rayonnement du CMK.