Quel est ton début dans la spiritualité ?
J’avais d’excellentes conditions : une maison dans un chouette coin, un compagnon aimant, une belle famille, des amis, un boulot reconnu, une vie associative riche, des loisirs mais je n’étais pas heureuse et j’étais surchargée d’activités. J’ai eu un coup de fatigue, deux années consécutives ; j’ai tout plaqué.
Juste après, j’ai rencontré le bouddhisme en 2005. J’avais 34 ans. Tout de suite, il m’a relié à mon humanisme : en regardant à l’intérieur de moi, je découvrais les autres. Les enseignements sur la roue de la vie et les quatre nobles vérités, particulièrement les vraies origines de la souffrance, m’ont poussée à faire la relation entre mes états d’esprits négatifs et mes difficultés. La naissance de ma fille a chamboulé ma vie : être mère, avoir un engagement à long terme, devenir un modèle… Des nouvelles peurs sont apparues : peur du handicap, de la séparation, de la mort, de la maladie. Mes idées, mes valeurs d’avant, se sont écroulées d’un coup, ce que je croyais être, n’existait plus. Je me suis mise à lire des livres bouddhistes et non bouddhistes. Beaucoup de questions ont émergé.
Ton arrivée dans la tradition ?
J’ai changé de compagnon, de continent, et mes difficultés m’ont suivie… Mes tendances négatives avait disparues pendant quelques temps mais sont réapparues. C’est à ce moment que j’ai compris que ce qui m’emprisonnait, me faisait mal, était dans mon esprit. J’ai rencontré la tradition Kadampa en Nouvelle Calédonie en mars 2013, grâce à la transmission de pouvoir de Vajrapani. Puis je suis allée à Mandjoushri, qui est le centre mère de la tradition, en mai. Je voulais savoir où je mettais les pieds. En parallèle, j’ai créé un lien avec la communauté spirituelle de Metz puisque ma famille est de cette région. Au début tout ceci était flou, je n’avais pas conscience de ce qu’était réellement un bouddha. J’ai suivi dans la foulée le programme fondamental. Actuellement j’organise les groupes de discussion, je fais des tormas et je participe à l’accueil des enseignements à Nancy.
Un fait marquant ?
Le bouddhisme m’a permis d’apaiser la relation conflictuelle avec ma mère.
La première fois que ma fille est venue au CMK France, elle m’a dit : « Maman c’est bizarre ». « Qu’est ce qui est bizarre ? » « Les gens ont toujours le sourire ici, on dirait qu’ils sont heureux. Ils sont joyeux ».
En ce moment qu’est-ce que tu ressens le plus dans ton cœur ?
Les bienfaits de l’échange de soi avec les autres, c’est une pratique pour développer son bon cœur. Je me rappelle dans le cadre de mon travail, nous affirmions que c’était impossible de se mettre à la place de l’autre ; dans le bouddhisme c’est possible. Jusqu’à un moment récent, il fallait que je vive une situation similaire pour me mettre à la place de l’autre. Par exemple, ma fille pour se coucher me demandait une bouillotte. Je lui préparais mais parfois cela m’agaçait. Peut-être voulait-elle simplement que je m’occupe d’elle ? Une nuit je suis rentrée dans un lit froid, j’avais froid et je ne n’arrivais pas à dormir. Mais oui elle avait vraiment froid. Une autre fois ma grand-mère était très angoissée à l’idée d’un examen cardiaque. Je ne comprenais pas. A un moment, j’ai eu des palpitations et j’ai eu peur. J’ai compris les émotions de ma grand-mère. Il y a peu de temps, j’ai ressenti les souffrances d’une personne, sans les rattacher à une expérience personnelle. Cela m’a donné envie de la choyer, de l’aider. Cet élan de compassion était magnifique. J’ai certainement déjà vécu ces types d’expériences spontanément ; ce qui est nouveau c’est d’en prendre conscience et de les rattacher à une pratique spirituelle. Cela leur donne plus d’importance, de valeur et l’envie de les développer. La pratique spirituelle donne des couleurs à mon cœur comme un bouquet de fleurs prêt à être offert.
Qu’est-ce que tu aimerais dire aux gens qui ne connaissent pas la tradition kadampa ?
C’est un bon endroit pour apprendre à être heureux grâce à la méditation.
Les enseignants laïcs et ordonnés nous apportent sur un plateau un trésor de l’humanité : les enseignements de bouddha véhiculés depuis des générations, des millénaires et adaptés au monde moderne grâce à Vénérable Gueshè Kelsang Gyatso. Si nous nous laissons porter par les enseignements et essayons de les mettre en pratique notre vie s’améliore, nous arrivons à mieux accepter les situations difficiles. Nous créons un espace pour mieux réfléchir avant d’agir. Au CMK France, je trouve de l’inspiration, des encouragements et un cadre pour me guider.
L’année dernière, j’allais tous les week-ends au centre de Metz. Tous mes états d’esprits perturbés de la semaine s’estompaient. Maintenant j’ai besoin d’un plan de route pour être plus autonome et mieux utiliser les outils qu’on me donne. J’ai eu une phase emmagasinage d’informations, aujourd’hui je suis dans une phase de synthèse pour une mise en pratique dans ma vie quotidienne.
Un mot pour conclure ?
Ce qui est sublime c’est d’être relié à un être, notre guide spirituel qui est là sans être là ; c’est incroyable comme cette relation nous donne confiance…