Fanny a découvert le bouddhisme lors d’une conférence donnée par Guèn Kelsang Eupamé en 2011 à Caen. Le point de départ d’une belle aventure qui l’a menée au centre Mandjoushri en Angleterre pour quelques semaines ou bien carrément en Austalie, au CMK Melbourne, pour plusieurs mois. Mais pas une année ne passe sans un ou plusieurs séjours au CMK France. En 2015, Fanny a vécu pendant un mois la préparation du festival international d’automne. Début avril, la désormais Lyonnaise était au CMK pour aider au rangement après le festival français avec par Guèn-la Kelsang Dekyong, directrice spirituelle générale de la Nouvelle Tradition Kadampa.
Qu’est-ce qui te donne l’envie de revenir année après année au CMK ?
1. Le CMK pour moi, c’est comme un refuge. Déjà je trouve le cadre très ressourçant. On se sent à la campagne, c’est très naturel, très joli. Mais au-delà de la beauté naturelle du lieu, le CMK est synonyme d’apaisement pour moi. Quand j’arrive, je ressens : « waouuuhh, ça fait du bien de revenir là. » Je sais que ça va aller bien quand je suis au CMK.
Je me sens pas du tout gênée comme parfois on peut l’être quand on est invité quelque part. Ça me fait cette même impression dans tous les centres kadampas : je me sens faire partie du lieu d’emblée, être vraiment la bienvenue. On n’est pas chez quelqu’un, y a une espèce de légitimité à être là. C’est comme revenir à la maison.
2. Les enseignements : Quand je viens au CMK, je ne me lasse pas d’écouter les enseignements. Ça me plaît toujours. Je sais que ça va être bien, c’est une valeur sûre.
3. La salle de méditation : elle est propice à la concentration avec de superbes statues. Elle est vraiment belle la salle de méditation au CMK. Il y a aussi quelque chose de chaleureux avec toutes les boiseries, une lumière assez tamisée. C’est plus facile de se concentrer qu’ailleurs je trouve. Notamment car c’est un lieu où l’on respecte le silence et les personnes qui sont à l’intérieur. Les gens ne vont pas rentrer en parlant fort. On se sent protégé. C’est un endroit à part, feutré.
4. Etre inspiré par de bons exemples : le fait d’être dans un endroit avec beaucoup de bouddhistes, ça me recharge en idées de bienveillance, pour chérir les autres. Dans les centres kadampas, on voit plus souvent d’exemples de bienveillance, de gentillesse que dans le monde extérieur. Je me dis : « ça c’est super gentil, c’est un petit rien qui fait plaisir, moi aussi faudrait que je le fasse ». Exemple : proposer une boisson chaude à quelqu’un qui est en train de travailler. Ça fait de bons exemples, des modèles..
Que t’ont apporté tes différents séjours d’entraide ?
Le sentiment d’être utile et pour une cause qui a du sens : on travaille pour que le lieu continue d’exister et que les personnes qui viennent aient les meilleures conditions possibles pour assister aux enseignements ou pour se ressourcer. Quand tu prépares une chambre, tu sens bien que quelqu’un va arriver et profiter de ce lieu. Pour moi, il n’y a rien de plus utile que d’aider un centre du dharma.
De plus, quand on travaille avec d’autres personnes au CMK, il y a toujours des échanges un peu perso. Les gens se livrent facilement dans ce lieu. On va tout de suite rentrer dans des discussions profondes et intimes. Le masque social s’enlève plus facilement qu’ailleurs, comme s’il n’y avait pas de méfiance, on se sent protégé. On accède à la personne plus facilement. J’adore cette qualité d’échange.
Enfin aider un CMK, c’est comme faire des mini-stages : peinture une semaine, vendeuse dans la boutique la semaine suivante. On peut faire tant d’expériences différentes en séjour d’entraide, expérimenter des activités que l’on ne peut pas faire dans sa vie quotidienne ou au travail. Et cela laisse malgré tout de la place pour participer à des activités spirituelles : méditations, enseignements, prières. Il se passe toujours quelque chose en dehors des horaires d’entraide au CMK. On est déjà sur place. Le fait de vivre dans un centre rend toutes ces activités beaucoup plus accessibles.
En ce moment, de quel enseignement te sers-tu dans ta vie quotidienne ?
L’enseignement auquel je pense le plus en ce moment est le conseil de Guéshé-Là : toujours garder un esprit heureux. Je m’en sers d’autant plus depuis que j’ai compris que le fait de garder un état d’esprit détendu me protège du mûrissement du karma négatif. Concrètement cela signifie que si mon esprit est tendu, en colère, cela favorise l’apparition de circonstances désagréables. A l’inverse, si mon esprit est détendu, alors il est plus facile qu’il se produise des conditions favorables. Mais bien sûr, naturellement, face aux difficultés, l’esprit se tend, devient en colère ou déprime un peu. C’est normal. Donc c’est une prise de décision : « non je ne veux pas favoriser le mûrissement de karma négatif, de conditions défavorables, je vais détendre mon esprit, en sachant que si je garde un esprit positif, au contraire, tout va mieux se passer. » Mais ce n’est pas automatique. Cela demande de l’entraînement. Par exemple, cet hiver, je me suis retrouvée en haut d’une piste de ski bleue, verglacée, avec une pente rude alors que je suis débutante. J’étais bloquée, je n’arrivais pas à descendre, j’avais très peur. Je me suis dit : « Ok, faut absolument que je détende mon esprit, si je garde cet esprit de peur, ça va plutôt faire en sorte que les choses se passent mal, je ne suis pas protégée. Alors j’ai fait l’effort de me détendre. Et ça a marché !
En ce moment, je travaille aussi beaucoup sur le découragement. Jamyang (l’enseignant de Lyon) parle souvent de s’encourager soi-même avec ce que l’on fait de bien plutôt que de se focaliser sur ce que l’on ne fait pas. Exemple : je n’ai pas médité depuis des semaines, j’ai mal réagi dans telle situation avec telle ou telle personne, etc. On peut trouver des milliers de raisons de se décourager, il y en a plein. Mais ça mène nulle part. C’est beaucoup plus bénéfique de s’encourager avec ce que l’on fait de bien, même avec des petites choses. Alors bien sûr, le découragement réapparaît car il y a tant de raisons potentielles de se décourager. Mais en étant conscient de ce processus négatif, on peut rectifier en pensant à des choses positives.