Comment as-tu découvert le CMK France ?
J’ai étudié les religions et j’en ai pratiqué quelques unes pendant quelques années. Tout cela m’a conduit vers le Bouddhisme ; au tout début c’était une philosophie pour moi, mais je me suis rendu compte que non, le bouddhisme a aussi ses cultes, ses pratiques… Quand j’ai quitté l’Ile de la Réunion en 2011, je me suis retrouvée toute seule, sans amis spirituels. J’ai tenu quelque temps mais je devais remettre quelque chose en place… En 2014, j’ai eu besoin de donner un nouveau sens à ma vie et de m’éloigner temporairement de chez moi. Il fallait que je réfléchisse où aller ? J’ai cherché sur internet, je ne savais pas qu’il y avait des centres de méditation bouddhistes en France ; cela ne m’était pas venu à l’esprit… Je suis tombée sur le site du CMK France ; je ne voulais pas tout de suite venir, très certainement que le château m’impressionnait, je ne sais pas. J’ai regardé et j’ai vu ses annexes et les autres centres français notamment celui de Nantes (Toushita). J’y suis donc allée en séjour d’entraide.
Je suis restée 16 mois au centre Toushita. Puis j’ai fait une demande de résidence au CMK France en décembre 2015, une place se libérait le 2 janvier 2016. Quand je suis arrivée, c’était extraordinaire, une personne m’a tout fait visiter. La vie en communauté, cela n’est pas toujours facile mais c’est constructif ; c’est une expérience qui vaut le coup d’être vécue.
En tant que résidente, cela fait un an que je suis le Programme Fondamental (PF) et je trouve que l’échange y est extraordinaire. Nous sommes un groupe de 15 personnes environ, c’est une énergie qui porte et j’y ai découvert une enseignante extraordinaire (Kelsang Détchèn qui est devenue l’enseignante résidente du CMK Pologne).
Tu as été ordonnée en mai 2015, que désires-tu nous faire partager de cette expérience ?
« Depuis toute petite, je me vois en tant qu’ordonnée. Curieusement, je ne connaissais pas le bouddhisme mais je me voyais avec des robes rouges, bordeaux, à l’âge de 5, 6 ans. J’en ai beaucoup parlé à ma Maman et en 2014, lorsque je lui ai annoncé ma démarche, elle m’a répondu : « je me demandais quand cela allait arriver ».
« Mon ordination, c’est extraordinaire… J’ai dû faire ma demande 3 fois à Sylvie, mon enseignante de Nantes. Je le sentais au fond de moi, c’était une évidence. La 1re fois, elle m’a proposé de faire plus ample connaissance avec la tradition ; la 2e fois, elle m’a proposé de travailler la patience. La 3e fois c’était le jour où elle partait pour le ITTP (le programme des enseignants en Angleterre)… Ma volonté allait payer, Sylvie m’accompagna dans ma démarche au bout de cette troisième demande. Au festival international d’été en Angleterre, j’ai pu m’entretenir pour la 1re fois avec Guèn Kelsang Eupamé (notre directeur spirituel national) à ce sujet. Il m’avait dit quelque chose d’extraordinaire : « pour moi tu es déjà ordonnée ». En décembre 2014, j’ai mis ma demande d’ordination sur la table d’offrandes à l’intention de la directrice spirituelle générale de la nouvelle Tradition Kadampa, Guèn-là Dekyong, venue enseigner au CMK France lors du festival français. J’ai eu un entretien avec elle et Sylvie est venue faire l’interprète. »
« Le jour de l’ordination, lorsque j’ai découvert mon nom (reine en tibétain), c’était merveilleux. Je m’étais dit : je vais changer 3 choses dans ma vie : mon nom, mon apparence et m’atteler à changer mon état d’esprit. Pour les deux premières choses c’était facile, c’était instantané, pour la 3e j’y travaille encore. Il faut savoir que toute ma vie, je me suis sentie décalée. Je n’étais pas bien dans mes vêtements, dans ma peau. Je ne supportais pas mon visage dans le miroir, mon physique en action. Je n’ai jamais su m’habiller. Au moment où j’ai mis mes robes de moniale, que je me suis coupée les cheveux, ce décalage a disparu. Je suis devenue « la véritable Gyalmo ». J’étais heureuse d’être « baptisée » par mon père spirituel ; c’était un don de Guéshé-la (Vénérable Guéshé Kelsang Gyatso). C’était plus qu’un nom, une reconnaissance, une appartenance, un lien indestructible avec un guide spirituel. L’absence de mon père enfant a fait que je n’avais pas d’identification au père. Pour moi, c’était une deuxième naissance, la vraie celle-là. Depuis, ce n’est que du bonheur, je m’épanouis, je me sens à l’aise. »
Tu as un handicap et une maladie physiques, qu’est-ce que le Bouddhisme t’apporte par rapport à cela ?
J’ai combattu dans le passé une leucémie, aujourd’hui, je me bats au quotidien contre la maladie de lyme qui est devenue chronique avec un de ses symptômes, une fybromalgie sévère ; elle m’a rendue paralysée 7 mois. Quand je fais des crises, elles sont très longues et je mets quelques semaines à m’en remettre. Si je n’avais pas rencontré le Dharma (les enseignements de Bouddha), je n’y aurais pas fait face. En pratiquant le tantra du yoga suprême depuis quelques mois, je me suis rendue compte que mes douleurs avaient baissé en intensité : quand je suis arrivée en janvier 2016, j’étais arrivée à 8/9 ; maintenant, elles sont descendues à 2/3. Je me suis dit qu’il y a quelque chose qui se passait. Il y avait certes cette volonté et les bénédictions mais je pense que le travail fait au niveau de la pratique spirituelle est inévitablement lié ; c’est ce qui m’aide beaucoup dans mon quotidien. Là, par exemple, je viens de faire une retraite d’un mois : au départ, j’étais en pleine forme, 3 jours après tous les symptômes sont revenus, je me suis accrochée. J’ai pratiqué ce que je connaissais du Dharma : la patience et accepter patiemment la souffrance. J’ai compris que j’étais dans une situation de purification, cela ne pouvait pas être autre chose. Je ne pouvais plus tenir mon mala. Le groupe de la retraite (que des femmes) a été extraordinaire. Par exemple il me fallait éviter l’humidité : elles m’ont installé des bouillottes et cela allait mieux…
Quels sont tes projets actuels ?
Je retourne à La Réunion porter mon soutien à ma mère qui n’est pas très bien. J’y vais avec l’esprit en paix. Je me sens bien ancrée, bien forte avec mon guide spirituel dans mon cœur, je pars confiante tout en ayant à l’esprit de revenir à la « maison ». J’y vais dans le but de semer des graines de dharma kadam. Il y a des bouddhistes là-bas, mais pas de la nouvelle tradition kadampa.
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