Souvent, nous pensons que nous sommes malheureux à cause des autres et nous pouvons leur en vouloir. Et si, contre toute attente, la véritable source de notre souffrance et de notre bonheur était dans la manière dont nous nous relions aux autres ?

Lors de cette retraite, nous pourrons vérifier cela sur la base de notre propre expérience en pratiquant une méthode spéciale de méditation, L’échange de soi avec les autres. Par le pouvoir de l’imagination, nous nous échapperons un temps de la personne que nous sommes habituellement pour nous mettre à la place d’un autre être vivant ; en adoptant son corps et son esprit, nous nous entraînerons à observer le monde depuis ce point de vue radicalement nouveau.

Parmi les 84000 enseignements de Bouddha, Shantidéva, grand maître de méditation du 8ème siècle, considérait que cette méthode permettait de générer une bodhichitta (l’esprit d’éveil) plus profonde et plus puissante que celle générée par d’autres pratiques. Elle fut transmise par Bouddha Shakyamouni, par l’intermédiaire de Mandjoushri et de Shandideva, à Atisha et aux Guéshés Kadampa. 

En appliquant la méditation de L’échange de soi avec les autres à des êtres vivants que nous considérons habituellement comme nos égaux, nos inférieurs ou nos supérieurs, nous faisons naître une compassion inhabituelle. Nous nous mettons successivement « dans la peau » d’un proche, d’un animal ou encore d’un supérieur hiérarchique et progressivement, nous voyons notre moi comme étant l’autre. Ce transfert nous aide à développer une profonde empathie pour les autres et change le regard que nous portons sur nous-mêmes. Notre vision habituelle de moi et de l’autre vacille, la frontière entre les deux s’estompe.

Cette méditation n’est pas fondée sur de longs arguments théoriques ; elle vient du cœur, elle est produite par notre propre expérience.   Cette pratique est particulièrement puissante quand nous l’appliquons à une personne avec qui nous avons une relation difficile. En la répétant régulièrement, nous pouvons améliorer nos relations, jusqu’aux plus toxiques d’entre elles. Nous développons ainsi une foi profonde dans notre véritable capacité à réinventer totalement tous nos liens.