Une expérience inoubliable. Alain, 40 ans, a touché du doigt la vacuité l’espace d’un instant au cours d’une retraite guidée par le moine bouddhiste Guèn Kelsang Eupamé. Expérience éphémère mais indélébile qui l’a poussé à revenir au CMK France : d’abord pour une autre retraite puis la semaine dernière à venir effectuer un séjour d’entraide. Sa mission : un reportage photos et vidéos du dernier Festival Français au cours duquel 300 personnes sont venues écouter la directrice spirituelle générale de la Nouvelle Tradition Kadampa, Guèn-la Kelsang Dékyong.
Qu’est-ce qui t’a amené au Centre de Méditation Kadampa France ?
C’était par hasard. Je voulais prendre de la distance par rapport à la maison, par rapport à Paris, me mettre au vert. Je suis allé sur google, j’ai tapé recherche méditative parce que je faisais déjà un peu de méditation pleine conscience avant de découvrir le bouddhisme. Le premier lien sur lequel je suis tombé, c’est le CMK. J’ai vu un beau château dans la Sarthe : « Oh super, c’est joli, pas loin de Paris ». J’ai vu ensuite des photos avec des moines et je me suis dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Mais j’ai vu que c’était ouvert aux laïcs et donc je me suis dit : « Allons-y dans ces conditions ». Y avait une retraite d’Eupamé sur la vacuité. J’étais curieux mais sur le site ce thème n’était pas conseillé aux débutants. Alors j’ai appelé le centre, je suis tombé sur quelqu’un de très sympa qui m’a dit : « N’hésite pas à sauter un enseignement de temps en temps voire à revenir à un séjour découverte si c’est trop difficile et donc du coup me voilà atterri ici dans un bain de vacuité avec un premier enseignement mémorable où j’étais complètement perdu. J’étais même anxieux : « ouh la la je suis venu pour me détendre, je suis en train de me stresser. » Quand Eupamé est sorti et que les gens ont commencé à discuter, je me suis aperçu que j’étais loin d’être le seul à n’avoir quasiment rien compris. Ensuite la séance de questions-réponses avec Eupamé m’a beaucoup aidé, j’ai développé la conviction qu’il y avait quelque chose à creuser dans les enseignements de Bouddha. Donc je me suis couché le premier soir en me disant : « il ne faut pas abandonner, il faut persévérer.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir ?
Au bout du troisième ou quatrième jour à « bouffer » de la vacuité matin, midi et soir, le concept était de moins en moins obscur. Ici au CMK, on est dans une immersion, dans un bouillon de gens, de conditions qui font que la démarche spirituelle est vraiment facilitée. C’est étudié pour. Tout le monde est dans la même dynamique. Des gens plus expérimentés te font part de leur retour d’expérience. Fort de tout ça, au cours d’une méditation, j’ai touché du doigt la vacuité du je une ou deux secondes et cela a été vertigineux. La sagesse qui en découle est incroyable. Je comprends pourquoi on se prend tant la tête sur la vacuité. Après cette brève expérience, fort de cet état de sagesse temporaire, j’ai repassé tous les noeuds de ma vie par le prisme de cette vacuité. Quand je suis sorti de méditation, je me suis dit : « Ok, je ne comprends pas tout encore mais ça a répondu à des questions que je me posais et d’autres que je ne savais même pas que je me posais ! J’ai trouvé le gars qui va me donner les réponses, à savoir Bouddha. » C’était inattendu, incroyable, inespéré. Quand je suis sorti de la méditation, j’ai eu l’impression de n’être plus rien et d’être tout à la fois. Ce qui peut sembler ne rien vouloir dire. Mais je garde un souvenir très fort de cette expérience. Ça m’a donné une envie très forte de revenir, de creuser. Du coup, je suis revenu pour une autre retraite avec Eupamé sur la joie et la compassion et pour le festival avec Guèn-la-Dekyong.
Que t’a apporté ce séjour d’entraide ?
Les gens du centre n’arrêtent pas de me dire « merci, merci, merci Alain, tes photos sont super » mais ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils nous apportent. Ils consacrent leur vie à rendre accessible tous les enseignements de Bouddha, une connaissance dont on pourrait aisément passer à côté s’ils n’étaient pas là pour nous apporter ça. Donc j’ai eu l’impression pendant ce séjour d’être à leur côté, de participer à mon petit niveau à cette noble tâche. Quoi de mieux ? J’étais trop content ! Tous les matins, je me levais tôt, j’étais porté et j’ai pris beaucoup de plaisir. Qu’est-ce que ça fait du bien de se lever à nouveau le matin avec entrain ! J’ai 40 ans, à 35 ans, j’ai connu des difficultés familiales, dans ma vie de couple, qui m’ont déconnecté de ma nature joyeuse. Ces cinq dernières années ont été difficiles. La première retraite m’a aidé à redonner du goût à la vie. A la deuxième retraite, j’ai renoué profondément avec ma joie d’avant. Lors de ce séjour d’entraide, Khandro m’a dit un soir : « J’espère que tu n’oublies pas de dédier. » Donc j’ai dédié toute cette belle énergie positive accumulée ici pour encore plus avancer dans mon évolution spirituelle.
De quel enseignement te sers-tu dans ton quotidien ?
Tout ce qui tourne autour du calme. Le calme comme socle pour faire rejaillir la joie, détruire la colère. J’essaye au début de chaque méditation d’arriver à un état de calme et une fois que je suis là-dedans je vois dans quel cadre de méditation je pars. Le pré- requis à tout c’est le calme. C’est pour cela que je vais faire la retraite sur la concentration. Je suis bien loin du calme stable mais c’est un objectif. La vacuité aussi. Ça me poursuit. J’ai assisté à deux enseignements du programme général du CMK, à chaque fois c’était sur la vacuité. J’ai cet objectif spirituel clair : être un bodhisattva. Même si je ne me sens pas encore la capacité aujourd’hui, bodhisattva, ça me botte bien. Tu peux prétendre avoir une femme et des enfants et aider les autres.