Centre de Méditation
Kadampa France

Elle court, elle court Khandro. Du matin au soir. Kinésithérapeute à mi-temps dans une structure de soins palliatifs, Khandro est aussi intendante et coorganisatrice des célébrations. Préparer l’hébergement des visiteurs, faire les courses, laver le linge, la fonction ne laisse aucune chance à l?oisiveté. Pourtant, dans cet emploi du temps de ministre, cette trentenaire née en Lorraine trouve encore de la place pour la méditation.

Vous êtes devenue nonne un peu plus d’un an après votre premier enseignement. Comment expliquer une trajectoire aussi fulgurante ?

J’ai très tôt eu de l’admiration pour les personnes ordonnées.

À 15 ans par exemple, j’étais rentrée émerveillée d’une visite d’une abbaye. Avec mon lycée, nous avions rencontré un moine. La lumière dans ses yeux m’avait frappé. C’était pourtant un monastère fermé mais même ce renoncement m’attirait. La simplicité de cette vie, la discipline, tout cela me séduisait également.

Plus tard, en 2004, j’ai soigné une religieuse. Nous avons passé des heures à discuter. J’étais fascinée par ce mode de vie. J’ai eu ce même sentiment quand j’ai reçu mon premier enseignement bouddhiste en mars 2008, avec Eupamé.  Je me disais : «  Waouuhh, il doit avoir une super vie ! » Mais sans imaginer que cela m’était accessible. Finalement en travaillant pour le centre, en recevant des bénédictions, l’idée a fait son chemin… Mais pour être honnête, si on m’avait dit il y a un an que je serais ordonnée aujourd’hui, jamais je ne l’aurais cru ! »

Vous avez un emploi du temps très chargé et vous êtes confrontée presque quotidiennement à la mort dans votre travail. Comment faites-vous pour ne pas craquer ?

Ce qui est super ici, c’est qu’il y a une grande légèreté. Nous savons tous que la vie n’est pas facile, nous avons tous nos difficultés. Mais il n’y a pas un repas sans un grand éclat de rire. C’est excellent pour décompresser. Et bien sûr, la pratique spirituelle m’aide énormément. Je sens clairement la différence quand je récite le Joyau qui exauce les souhaits. Je sens une plus grande énergie, plus de légèreté d’esprit. C’est ma journée entière qui est transformée. Je vais au travail avec un regard plus spirituel.

Que vous enseigne ce travail de kinésithérapeute dans une unité de soin palliatif ?

Ce travail me rappelle tous les jours qu’il n’y a rien à attendre de ce corps. Tôt ou tard, il va nous lâcher. Il me rappelle aussi qu’il y a urgence à mettre en pratique les enseignements. Les patients que je soigne sont bourrés de morphine, paralysés voire atteints de démence à cause d’une tumeur cérébrale. Même s’ils le souhaitaient, ils seraient incapables de méditer ou d’étudier. Je ressens une très grande impuissance. Je les soulage comme je peux en les massant mais je suis bien sûr incapable d’arrêter le processus de la mort. Cela me donne une motivation énorme pour la pratique spirituelle car c’est clair qu’il n’y a qu’une solution : atteindre l’illumination pour se libérer de la souffrance et aider les autres à faire de même. En attendant, je les aide comme je peux. Quand je les masse, je récite intérieurement les prières à Avalokiteshvara, le bouddha de la compassion. J’imagine qu’il reste à leurs côtés pour prendre soin d’eux. C’est très beau.